Tous les manuels de créativité vous parleront de ces deux phases essentielles qui rythment un atelier de créativité.
Dans un premier temps, vous serez invités à produire un maximum d’idées généralement à l’aide d’une méthode (Brainstorming), parfois plusieurs. C’est la phase dite de divergence, celle pendant laquelle votre esprit créatif est mis à contribution. C’est la partie la plus ludique de la séance.
Puis, il vous sera demandé de faire un choix parmi les propositions, suivant un processus plus ou moins bien dirigé. C’est la phase de convergence pendant laquelle votre esprit critique est mis à contribution. C’est la partie la moins agréable car bien des idées intéressantes voire enthousiasmantes, dont les vôtres, seront rapidement sacrifiées sur l’autel de quelques critères matérialistes (pas faisable, trop chère, trop long, ne sait pas faire, trop complexe, …). C'est une réminiscence de notre conditionnement scolaire, on veut rapidement trouver une solution.
Schématiquement, voici comment cela se passe :

Mené de cette manière, le résultat de cette consultation de l’intelligence collective du groupe risque d’être peu satisfaisant.
Approche CORPEN
La créativité ne peut se réduire à deux étapes opposées dans leur processus cognitif. Les solutions créatives et pertinentes à un problème arrivent rarement spontanément après une simple séance de Brainstorming ou autres jeux créatifs. Si c’était le cas, il n’y aurait jamais de problème sans solution immédiate. La créativité est en fait un processus continu, long et exigeant en terme d’efforts car elle mobilise des processus cognitifs rarement mobilisés. L’encadrement et les méthodes ne sont que des moyens pour en améliorer la productivité.
On peut néanmoins schématiser le processus d'un atelier en étapes qui utilisent des méthodes et des ressources cognitives différentes.
La première partie sert à produire non pas des idées qu’il faudra sélectionner, mais des briques d’idées qui serviront à construire des concepts de plus en plus raffinés. C’est un moment très important car il permet de créer une énergie de groupe et de commencer à mobiliser la créativité de chacun. Suivant le temps disponible, plusieurs méthodes pourront être utilisées, pour activer les préférences cognitives individuelles des membres du groupe (mots, images, sensations, émotions,…).
On peut appeler cette partie « phase de divergence » dans la mesure où le but est de produire une grande quantité de propositions floues. On mobilise la partie imaginative de l’esprit, laissant de côté tout esprit critique. C’est un moment ludique généralement apprécié et demandant peu d’effort. Pour être efficace, il doit être accompagné de moments de reformulation des propositions, moments fastidieux qui doivent être bien encadrés, ou chaque participant doit en quelques phrases expliquer l’idée qu’il a écrite/dessinée/formulée pour que chacun comprenne bien sa pensée et s’en nourrisse.
Mais le processus créatif ne s’arrête pas là. Vient ensuite la deuxième partie qui consiste à construire des propositions de plus en plus élaborées par associations, combinaisons, démembrements, renversements des premières briques proposées. Il s’agit de travailler par priorité non par choix exclusif. C’est un travail de condensation/divergence puisque de nouvelles propositions peuvent apparaître. C’est aussi le moment de faire preuve de la plus grande créativité, puisqu’il s’agira de dépasser et transgresser les "impossibles" pour permettre à des idées de vivre le plus longtemps possible.
On peut la considérer comme une « phase de convergence » puisque le but est de faire émerger quelques concepts pertinents. Mais elle demande de mobiliser tout son potentiel créatif tout en gardant en arrière-plan son esprit critique. Pour les participants, c’est une phase exténuante qui alterne enthousiasme, découragement, perte de sens et frénésie. C’est aussi dans ce moment-là qu’ils peuvent faire l’expérience du «Flow » (ref 1 et 2).

La phase finale de choix n’est pas une convergence mais un processus dirigé qui permet de classer les concepts précédemment élaborés suivant des critères à définir avec le groupe. Nous évoquerons cette phase particulière dans un prochain article.
La conception CORPEN de la créativité est certes plus longue et plus exigeante, tant pour l’entreprise que pour les participants. Elle peut rebuter certains managers à s’engager dans cette démarche créative.
Mais quel est le but ? :
Passer deux heures à demander des idées « out of the box » à un groupe pour les éliminer rapidement en ne gardant que ce qui fait consensus.
Prendre le temps de trouver des idées créatives ET pertinentes à un problème complexe qui auront un impact majeur sur le vie de l’entreprise.
Les bonnes idées n’existent pas, elles se construisent
Références :
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