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  • Thierry Fargère - Corpen

Créativité normalisée : oxymore d’une poésie réglementaire ou véritable outil de créativité ?


Vous ne l’aviez peut-être par remarqué ou pensiez même que ce n’était pas possible.

Et bien SI ! la créativité n’a pas échappé à la vigilance des organismes de normalisation.

Les dernières moutures des référentiels en management de la qualité comme ISO 9001-2015 intègrent depuis peu des exigences et recommandations en terme de management de l’innovation. D’où il découle l’apparition de fascicules et normes expérimentales traitant du management de l’innovation mais aussi de la créativité (pour y voir plus clair, 1,3). Nous nous focaliserons sur ce dernier point (4,5).

Qu’est ce qui justifie de normaliser un processus qui semble a priori impossible à normaliser ? Que peut-on en apprendre ?

Impact et risque

D’après une enquête (2), Les entreprises certifiées dépenseraient plus en R&D (+27%) et mettraient plus de nouveaux produits sur le marché (+12%). Toutefois, il n’est pas précisé l’impact en terme de rentabilité, chiffre d’affaire et développement du personnel.

Ainsi la normalisation diffuserait une culture de l’innovation et inciterait les entreprises à innover. La conséquence pour les entreprises serait une meilleure performance, une plus grande motivation du personnel, plus d’ouverture et la nécessité de gérer efficacement sa connaissance (exigence Qualité en terme de Knowledge Management).

Les entreprises sont invitées à suivre ces normes et se faire certifier. La certification permettrait d’améliorer considérablement leur capacité d’innovation et de faciliter l’accès à certains marchés, financements et consortiums.

On peut toujours gloser sans fin sur l’intérêt, l’impact réel et la mise en application effective dans une PME (au vue de la liste des sponsors et rédacteurs (3)).

Mais quoi qu’on en dise ou pense, ces normes existent et vont certainement s’imposer alors, que peut-on en tirer ?

Contenu et intérêt

C’est entendu, vous ne trouverez dans ces textes aucune révélation ou nouveauté et ni même de créativité dans la rédaction. D’ailleurs, le propos n’est pas « la » créativité mais « le management » de la créativité.

Au final, le contenu est très intéressant et représente une bonne synthèse du sujet. Il vous évitera de lire des tonnes de livre sur le même thème.

Voici quelques points importants à souligner et à retenir :

  • La créativité, processus visant à identifier les problèmes et à produire les idées pour les résoudre, est distincte de l’innovation, processus de choix, de sélection, de développement et de mise en œuvre réussie de ces solutions. Elle est à la fois au cœur et source de l’innovation.

  • La créativité ne saurait se résumer à des ateliers réunissant quelques personnes et animés par un expert. La créativité s’organise et se manage au sein du processus plus large de management de l’innovation.

  • La direction joue un rôle fondamental dans l’instauration d’une culture créative, son déploiement et sa réussite. D’où la nécessité d’une approche cohérente englobant une vraie stratégie (ressources, axes, sens, règles), un management du personnel et de la motivation, une réflexion sur sa stratégie de Propriété Intellectuelle et Industrielle.

  • La créativité englobe autant le management des problèmes (analyse, inventaire, sélection) que celui des idées. La créativité fait partie du management de la connaissance.

  • Vous trouverez en plus des informations et recommandations pertinentes concernant:

  • La production, la collecte et la sélection des idées

  • La mesure de la performance du processus créatif au sein de l’entreprise

  • Une liste synthétique de 62 techniques de créativité et méthodes d'innovation (du rêve éveillé au brainstorming, de la TRIZ à la CK)

  • Des études de cas

En conclusion, les normes sur le management de la créativité (4,5) sont des documents à lire et à utiliser comme source d’inspiration pour toute organisation qui s’intéresse à son processus d’innovation. Synthétiques, ces textes permettent de préciser tout un ensemble de notions-clés, de proposer des pistes et donnent quelques conseils utiles.

Pour ce qui est de la certification, ceci relève de la stratégie des entreprises. A elles de faire ces choix entre impacts, risques et enjeux. La question n’est pas « Peut-on vraiment être créatif et innovant en suivant une norme ? » mais bien « Comment rester créatif et innovant dans un contexte où les démarches de créativité et d’innovation sont normalisées ? ».

Références :

Daniele Huet-Kouo, QUALITA'2015, Mar 2015, Nancy, France. <hal-01149785>

4 - Norme expérimentale XP CEN/TS 16555-6 : Management de l’innovation – partie 6 : Management de la créativité

5 - Fascicule de documentation FD X50-274 – Management de l’innovation – Management de la créativité


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