Voici un joli exemple décrivant la naissance d’une invention (voir la vidéo). On retrouve ici les différents moteurs qui la constitue :
Un homme passionné, ici le chercheur Ludwik Leiber, s’appuyant sur une équipe compétente comme il le dit lui-même.
Les inventions, même au sein d’une grande entreprise, sont d’abord le fait d’un individu qui a une vision et qui y croit. L’équipe a un effet booster.
Un problème industriel important et difficile à résoudre : Comment concilier les propriétés des plastiques thermodurcissables et thermoplastiques ?
Le problème est évidemment fondamental puisque sa dimension conditionne l’intérêt de l’invention et sa capacité future à devenir une innovation largement diffusée.
Des solides connaissances théoriques et du savoir-faire
C’est ce qui détermine la capacité de transformer une idée ou un désir en une réalisation. La perte de connaissance et surtout de savoir-faire, par exemple à force de sous-traiter, limite considérablement ses possibilités d’innover. Les inventeurs délèguent peu mais apprennent beaucoup.
De la créativité avec ici une analogie entre un bal et ses danseurs et les structures moléculaires
La créativité est l’élément différenciant entre celui qui va tenter des approches alternatives et ceux qui restent bloqués sur une approche classique. Elle peut être le fait soit d’une démarche créative structurée, soit d’une capacité à repérer dans des phénomènes insignifiants ou étonnants la solution (sérendipité) (3).
Le résultat : ces matériaux extraordinaires dits Vitrimères, on aurait pu dire Plastiverre, sont plus ou moins souples suivant la formule, incassables, insolubles, se manipulent à chaud comme du verre (étirable, déformable, soudable) et réduits en poudre, peuvent être remodelés donc recyclables (1).
Ludwik Leibler a reçu le prix de l’Inventeur Européen en juin 2015 pour ces travaux.
Cette invention va-t-elle devenir une innovation ?
Ce n’est malheureusement pas le destin de toutes les inventions, loin s’en faut. Pour le savoir, il faudra attendre sa diffusion réelle sur le marché. Mais dans ce cas, on peut présager que c’est bien parti. D’une part, Ludwik Leibler travaille en partenariat avec Arkema qui possède des moyens de production industriel (2). D’autre part, le chercheur a poursuivi ses recherches pour étendre le concept de vitrimères à des classes de polymère usuels et peu chers (4). De plus, des vitrimères de nature différente peuvent être mélangés, ce qui facilite leur recyclage (4). Les domaines d’application et d’usage deviennent dès lors très vastes et ce serait étonnant que des marchés ne les intègrent pas rapidement.
Référence :